Le bloc IV prend l'offensive.

 

L'ennemi est entré dans le bloc4 du Kerfent !

"Nous sommes en embuscade; à la guerre de position vient de succéder la guerre de mouvement et nous venons de mettre notre pièce en batterie dans un passage assez fréquenté. Pour l'instant, nous attendons l'ennemi de pied ferme. Cela ne pouvait plus durer. Depuis longtemps déjà nous étions cloîtrés et en présence des derniers dégats subis, il a fallu prendre une décision énergique et entamer l'offensive.

Postés près de l'engin, c'est sans crainte et aussi sans faiblesse que nous attendons le moment d'ouvrir le feu. L'ennemi vient d'ailleurs de manifester sa présence et son museau est apparu sous le poste. Je crois que nous le tenons et qu'avant peu il rendra son âme au paradis des souris…..car c'est bien d'une souris qu'il s'agit. Je croyais d'ailleurs vous l'avoir dit au début de cet article.

Voilà à quoi nous en sommes réduits : faire la chasse aux rongeurs. Figurez-vous que depuis les grands froids une souris est tombé à l'intérieur du bloc par le créneau de la cloche. Jusqu'à présent, elle s'était fait peu remarquer, elle trouvait de quoi se nourrir dans la poubelle et les plats qui restent la nuit au bloc. Mais depuis plusieurs jours elle s'est enhardie : elle boulotte les provisions, les gâteaux; elle se ballade sur le figure des dormeurs, et elle a même installé ses familiers dans le polochon du lieutenant Nédélec! gros scandale!

Sa mise à mort fut décidé sur le champ et nous nous sommes procurés des pièges, mais malgré l'appétisante rondelle de saucisson qui les appate, nous n'avons pas encore pu l'attraper, aussi ce soir, embuscade.

Nous l'avons traquée sous un casier à munitions et nous avons mis une souricière à chaque issue. Le plus drôle: nous avons amassés des projectiles destinés à la bombarder ! Godasses, savons, brosses, etc. Il faut de la patience, et jusqu'à présent le tableau de chasse est vierge (comme les artilleurs). Je vous tiendrai au courant des suites de l'action entreprise et des résultats obtenus. Je crois, pourtant, que nous serons bredouilles, car les ressorts de la ratière ont l'air cassés".

Texte écrit de la main du Maréchal des Logis William Songeur, du 163e RAP

Transmis par K.Birbeck le 21-11-2003

 

Ci dessus, à gauche: le lieutenant Nédélec, un ancien du 8e RA (képi) versé comme observateur au 163e RAP, chef du bloc4 du Kerfent. Juste à sa droite: le Maréchal des Logis William SONGEUR

Le bloc4 de nos jours: les lits sont toujours en place, quoiqu'un peu désossés. Il ne manque que la table et les fleurs!

 

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