Actions ennemies:

L'après midi du 16 juin, des patrouilles menées sur les arrières des ouvrages découvrent des éléments allemands qui évoluent sur les routes.

Le bloc4 du Kerfent est soudain pris pour cible par une mitrailleuse, embusquée dans le clocher de l'église de Boucheporn, petit village abandonné que le Kerfent surveille de derrière ses réseaux de rails. La tourelle du Kerfent et la casemate sud du Mottenberg entrent en action et mitraillent le clocher. La mitrailleuse persiste: il faudra utiliser les canons anti-chars pour en venir à bout. C'est le Mottenberg qui a fait mouche (suivant les traces retrouvées sur le clocher).

Vers 21h, l'ouvrage du Bambesch signale que l'ennemi occupe les casemates abandonnées des Bambi et qu'ILS tentent une reconnaissance vers son bloc sud. Le lieutenant Pastre demande des tirs de flanquement pour le soutenir. Les projecteurs illuminent les réseaux de rails et les blocs du Bambesh, les jumelages de mitrailleuses tirent "au hasard" dans le bois derrière l'ouvrage du Bambesch, "où l'on distingue des ombres"...

Au Kerfent, une patrouille envoyée vers l'observatoire (bloc 4) est mitraillée et trois hommes sont blessés. L'ennemi commence à se manifester "d'un peu partout", ce qui inquiète de plus en plus les officiers français qui comprennent que l'encerclement se resserre ... ces actions se généralisent sur tous les ouvrages du secteur de Faulquemont, qui sont tous plus ou moins accrochés par des unités allemandes...

D'autres patrouilles sont menées pendant la nuit et doivent finalement se replier sous le feu ennemi. Le commandant Denoix, mis au courant, en réfère par radio à ses supérieurs. Durant toute la nuit, les ouvrages tirent et n'économisent plus leurs munitions: demain il faudra évacuer et les stocks en excédent seront détruits !

 

Encerclement !

Le 17 juin, les équipages ont déjà amorcé la destruction de leurs ouvrages. Des documents ont été détruits, des caisses enterrées. Dans la matinée, un véhicule de reconnaissance est repéré par les ouvrages: il arrive à vive allure sur la route de Saint Avold, et se retire rapidement sous leur feu, une fois son observation terminée.

Pour les officiers, il est évident que la partie sera rude: "ce soir il sera peut être trop tard pour se replier"...

Le 17 juin 1940 vers midi, coup de téléphone du commandant Denoix (du P.O de Laudrefang) au capitaine Broché qui s'apprétait, conformément aux ordres reçus, à saborder son ouvrage à 22 heures et à se replier:

- " Nous sommes encerclés, on ne se replie plus: il faut tenir ! "

Le commandant téléphone ensuite à ses autres officiers dans leurs ouvrages, pour les prévenir.

nom de l'ouvrage:
code:
officier commandant le P.O:
KERFENT
A.34
capitaine Broché (156e RIF)
BAMBESCH
A.35
lieutenant Pastre (156e RIF)
EINSELING
A.36
lieutenant Vaillant (156e RIF)
LAUDREFANG
A.37
capitaine Cattiaux* (156e RIF)
TETING
A.38
lieutenant Marchelli (146e RIF)

(* Le chef de bataillon Denoix a installé son PC au LAUDREFANG mais le capitaine Cattiaux conserve bien évidemment le commandement de son ouvrage...)

Privés de routes de repli, les équipages ne peuvent plus quitter leurs ouvrages sans s'exposer à la captivité. Par ailleurs, ces unités relativement techniques et plus spécialement adaptées à la fortification, ne sont pas aptes, de par leur structure, à mener des combats en campagne: deux tiers des hommes n'ont pas d'armes individuelles (!), les FM des crénaux et des cloches GFM ne sont pas prévus pour être sortis des ouvrages et sont sans béquilles, etc etc...

Et cet armistice dont on ne cesse de parler à la radio commence à faire mûrir des espoirs de fin de guerre sans combat pour les hommes du Kerfent... oui, l'armistice arrangerait bien les choses. En tenant assez longtemps, les ouvrages resteraient français, et on pourrait négocier en position de force et la tête haute !

 

Alerte aux gaz !

Dans l'après-midi (17 juin) alors que les hommes essayent de réparer ce qui peut l'être (puisqu'il faut maintenant "tenir la position"), le bloc4 téléphone au PC de l'ouvrage: l'adjudant-chef François prévient qu'il voit "une patrouille ennemie qui s'approche crânement de son bloc" ! Devant tant d'audace, les hommes hésitent à tirer. Les officiers donnent l'ordre de tir, et bientôt les deux FM et les petits mortiers de 50mm ouvrent le feu: les Allemands ripostent et jettent contre les cloches des "engins fumigènes" avant de se retirer dans le bois des Bouleaux, ils laissent quelques hommes sur le terrain.

Au bloc4 on s'agite: alerte aux gaz ! les tireurs GFM signalent une "drôle d'odeur", ils sont pris à la gorge par des émanations suspectes. Aussitôt, l'ouvrage se met en surpression et on remplace les tireurs: ceux-ci sont emmenés à l'infirmerie où l'aspirant Teulade leur soumet différents flacons d'odeurs. Les guetteurs désignent tous deux le même flacon: l'hypérite, à l'odeur caractéristique (une action similaire sera menée contre le P.O de Coume, alors qu'il est reconnu qu'aucun belligérant de la seconde guerre mondiale n'a utilisé de gaz de combat... le mystère reste donc complet).

 

Autres évènements:

Le 18 juin, alors que le commandant Denoix et le colonel Cochinard signalent à la radio que TOUS LES OUVRAGES DE SARRE ET MOSELLE TIENNENT SANS DEFAILLANCE, un téléphoniste de surveillance au bloc4 reçoit un appel: un "interlocuteur" lui demande "s'il est bien le 863?", il répond par l'affirmative et l'interlocuteur raccroche. Intrigués, les officiers veulent en avoir le coeur net: un Lorrain prend l'appareil et parle en allemand, une voix lui répond par un "Ja"! Visiblement l'ennemi contrôle déjà les lignes téléphoniques entre les ouvrages (les Allemands ont trouvé une chambre de coupure et ont installé des écoutes).

Peu de temps après, l'EINSELING signale qu'une chenillette arrive à vive allure sur la route de Saint Avold (même trajet que l'engin de la veille). Cette fois, le Bambesch et le Kerfent attendent le visiteur, ils ouvrent un feu meurtrier dès que le véhicule apparaît. Les balles ricochent contre son blindage et il effectue un rapide demi-tour...

Dans la foulée, le Mottenberg signale que les Allemands sont dans Zimming: les ouvrages sont maintenant bel et bien encerclés et il n'est plus question de sortir des blocs!

 

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