L'armée allemande sur la ligne Maginot !

Après la percée du front de la Sarre (15 juin 1940), la 1 Armee allemande (general Von Witzleben) s'enfonça au centre de la ligne Maginot. Onze divisions d'infanterie (I.D) se ruèrent de Sarrebrück vers le sud, pour couper l'Alsace du reste de la France et encercler les quatre armées françaises "de l'Est".

Un corps d'armée "statique" (le Höhere Kommando 45, general Von Greiff) s'avança vers l'ouest et commença l'encerclement des ouvrages de la Région Fortifiée de Metz.

Les 95e et 167e I.D, tenues jusque là en réserve, passèrent à pied la trouée de la Sarre avec leurs lents convois hippomobiles qui transportaient l'artillerie divisionnaire.

La 95 I.D s'avança vers Metz puis obliqua vers le Nord pour prendre position sur les arrières des ouvrages du secteur fortifié de Boulay. Elle eut bien des difficultés à franchir les routes sur l'ancien front de la Sarre: les destructions et les inondations ralentirent considérablement les mouvements allemands dans ce secteur. Au passage, des unités de reconnaissance firent quelques incursions près des ouvrages du secteur de Faulquemont, et des véhicules furent mitraillés par les français "qui tenaient encore la ligne Maginot". Mais cette 95e division avançait vers Boulay, elle n'investit pas les premiers ouvrages qu'elle rencontra, et passa le relais à sa collègue qui suivait.

La 167 I.D arrivait elle aussi à marche forcée dans le secteur. C'était une division formée en Bavière et dirigée par le general Oskar Vogl. L'unité était précédée par ses trois régiments d'infanterie, l'artillerie et les services ayant pris du retard sur les routes.

Composition de la 167 Infanterie Division:
INSIGNE de la 167e ID
Infanterie Regiment:
I.R 315
Infanterie Regiment:
I.R 331
Infanterie Regiment:
I.R 339
Artillerie Regiment:
A.R 238

La division eut pour consigne "de se rabattre derrière les petits ouvrages du secteur fortifié de Faulquemont". L'état-major du Höhere Kommando 45 insista bien auprès des officiers de la 167 I.D sur le fait que le mouvement n'impliquait pas l'idée d'attaquer les ouvrages: "le sang ne doit pas être versé inutilement", et "il n'y a pas de croix de fer à gagner"...

Le 19 juin 1940, la 167 I.D atteint la ligne Maginot et lança quelques sections pour tester les défenseurs des ouvrages encerclés (Téting, Laudrefang etc). Des parlementaires, agitant des drapeaux blancs, approchèrent de ces ouvrages et furent refoulés par des tirs de mitrailleuses.

 

Contacts avec les allemands:

Vers 10 heures le 19 juin, un civil se disant de Courcelles-Chaussy et portant un drapeau blanc approcha timidement du bloc2 du Kerfent et "hurla" (à forte distance du bloc) que des officiers allemands désiraient s'entretenir avec le chef de l'ouvrage.

Soucieux de se procurer quelques informations sur la situation militaire et désirant pleinement profiter de ce contact pour "tâter l'ardeur de l'ennemi", le capitaine Broché, le lieutenant Gangloff et le sergent-chef Valentin (interprète) ouvrent la porte et s'avancent. Soudain un obus siffle et vient éclater près de la porte! le capitaine et le sergent Valentin sont blessés. Les Allemands effectuent des tirs de réglage au mortier sur le Kerfent ! On referme rapidement la porte blindée, le civil a déjà disparu...

Peu après, un side-car avec un énorme drapeau blanc arrive de Zimming et un jeune lieutenant allemand "grand et blond" demande à parler au chef. L'officier s'avance, seul, dans les barbelés à l'arrière du bloc2, mais il refuse d'approcher d'avantage et redemande à voir l'officier français. Mais le capitaine Broché (pansé à la jambe) et ses adjoints redoutent un autre piège et ne sortent plus à découvert. Sous les tirs d'obus de mortier qui continuent, l'Allemand est forcé d'avancer pour éviter les éclats et se mettre à l'abri, il enjambe les barbelés et se retrouve devant la porte blindée du bloc2.

On l'invite à entrer dans le "sas" du P.O (à l'abri des obus qui éclatent sporadiquement). Là, il s'entretient avec le capitaine et le lieutenant Gangloff (c'est le premier "ennemi" que l'on voit de près depuis 10 mois, on imagine parfaitement l'émotion qui règne). Le lieutenant allemand, qui parle parfaitement le français, demande tout simplement la capitulation de l'ouvrage "car de toute façon le combat est perdu" et que "la résistance est inutile".

Broché répond "qu'il est d'abord un soldat, et qu'il est décidé à se battre si il le faut".

Sur-ce, avant de repartir, on prévient l'officier allemand que le Kerfent tirera désormais sur tout ce qui se présentera. L'Allemand semble surpris. Il salue et lance: " - réfléchissez, si vous ne vous rendez pas, vous serez écrasés par notre artillerie et nos Stukas" ...

 

La Wehrmacht change de plan:

Le 20 juin, devant l'enthousiasme de quelques officiers du Höhere Kommando, la 167 I.D reçoit l'ordre d'attaquer. La division n'est pas encore complètement regroupée: le 331 I.R arrive à marche forcée, le 315 I.R est encore en Sarre, tout comme le régiment d'artillerie, qui est empêtré dans les embouteillages des convois hippomobiles. Seul le 339 I.R est sur place, avec quelques compagnies du 331 I.R. Mais les hommes viennent de faire une marche de plus de 50km et ils sont épuisés.

Le plan proposé par le Höhere Kommando consiste à enlever dans un premier temps les ouvrages de Téting au Kerfent, puis avec l'aide de la 95 I.D, du Mottenberg à Denting, soit 11 ouvrages "privés d'artillerie de soutien, et qui devraient tomber assez facilement"...

Devant les objections du general Vogl, qui insiste sur la fatigue de ses hommes et sur le manque d'artillerie, le corps d'armée décide de faire stopper les canons du 195e régiment d'artillerie, qui passaient par là pour rejoindre leur 95e division vers Boulay, et on rameute des unités de FLAK (DCA allemande) avec ses redoutables canons de 88mm . Toute cette artillerie est mise à la disposition de la 167 I.D pour qu'elle passe dans un très bref délais à l'attaque des "Panzerwerken" qui tiennent encore tête à la Wehrmacht.

Le 339 I.R était commandé par le colonel (oberst) Von Lichtenstern, officier très énergique, très proche de ses hommes. Quand il apprit par l'une de ses patrouilles que les casemates des Bambi n'étaient plus occupées (elles étaient sabotées depuis le 16 juin), il décida de profiter de la brèche et approcha son 2e bataillon (II/339 IR) de l'ouvrage du Bambesch, qui protégeait avec le Kerfent la Route Nationale 3, d'importance stratégique majeure pour la suite des combats (transport de ravitaillement etc etc...). Pour ouvrir la route, il devenait évident qu'il faudrait d'abord s'emparer du Panzerwerk 230 (le P.O du Bambesch, dans la terminologie allemande).

 

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