L'ouvrage du Bambesch:

Le P.O du Bambesch (A.35) est situé au sud du Kerfent. La Route Nationale 3 les sépare et ils sont reliés par le réseau de rails anti-chars + barbelés qui forme la ligne Maginot.

Il comporte trois blocs: un bloc tourelle B1 au centre, et deux blocs casemates B2 au sud et B3 au Nord. Sa conception est similaire au Kerfent, si ce n'est qu'il n'a pas d'observatoire avancé. Comme au Kerfent, le P.O est adossé à une forêt qu'on a pas eu le temps de déboiser... les arrières du Bambesch ne sont que peu piégés (pas de mines, peu de barbelés) l'ennemi peut se servir du bois pour avancer à couvert sans se promener dans les champs de tirs des ouvrages. Comme au Kerfent, le canon de 25mmAC vient juste d'être installé dans la tourelle de mitrailleuses, mais on doit manquer de spécialistes pour son service (un cas général sur la ligne Maginot...)

Le Bambesch est commandé par le lieutenant Pastre, son équipage compte 104 hommes au moment de l'attaque allemande.

Encadrement de la CEO du Bambesch (mai-juin 1940):
Grade des officiers:
Nom:
Fonction:
lieutenant
André Pastre
commandant le P.O
lieutenant
Joseph Trunkenwald
officier adjoint
lieutenant
Jacques Baudon
médecin
sous-lieutenant
Etienne Régis
chef du bloc3

 

Grave problème: depuis le retrait des troupes des casemates, les casemates des Bambi, juste au sud du P.O, ont été sabotées, incendiées, puis occupées par l'ennemi qui a désormais des vues directes sur le bloc2 du Bambesch. Cet avantage, bien évidemment, va être exploité...

Notons au passage le contexte ambigü du moment (20 juin 1940): depuis le début du mois de juin, la radio lance des alusions à un armistice "imminent" entre la France et l'Allemagne. Le Maréchal Pétain va t'il réussir à sauver l'honneur d'une France brisée ? Faut il se faire tuer pour la ligne Maginot, alors que Paris, Reims, Metz etc... sont déjà occupées par la Wehrmacht? Y a t'il encore quelque chose à prouver au Bambesch et au Kerfent ?

Bien sûr, en face la situation est la même... le 339 I.R ne doit pas être enchanté de se lancer à l'assaut d'une puissante zone fortifiée, même amenuisée par les combats et privée d'artillerie. Les premiers ordres ne stipulaient pas d'attaque des ouvrages. La Wehrmacht, durement étrillée sur la Sarre, ne veut pas d'un second Verdun.

 

L'attaque du Bambesch:

Le 20 juin 1940, le II Abteilung du 339 I.R se prépare. Le Bambesch est investi, mais pas pris d'assaut. Le Kerfent entend les coups de l'artillerie allemande qui tonnent depuis l'aube. Depuis le bloc3 du Kerfent, on observe le Bambesch "qui encaisse les coups". Le Lieutenant Pastre téléphone au Kerfent. Il signale au capitaine Broché que son bloc sud est massacré "par une munition de perforation très importante". Le canon est installé au sud, dans un angle mort, on ne le distingue pas. Le Kerfent lui, ne distingue rien du tout. Le Bambesch appelle à l'aide.

Les officiers téléphonent au Kerfent (au nord) et à l'Einseling (au sud) et demandent des tirs d'appui. Les ouvrages voisins essayent de mitrailler les abords du Bambesch pour attirer l'attention sur eux, mais le canon continue son travail. Ses tirs répétés dans les crénaux et la cloche GFM du bloc2 commencent à démolir les blindages et le béton. La cloche GFM est vite perforée, ce qui est assez surprenant car les 35cm de blindage sont assez impressionnants à voir, et les percer ne semble pas être chose facile...

Le Bambesch voit son bloc2 (sud) démoli par un tir puissant, dont le fer de lance semble être un (ou deux?) canon FLAK de 88mm. Les armes du bloc sont détruites l'une après l'autre par le tir précis de la pièce embusquée et il est impossible à l'ouvrage assailli de riposter. Sa tourelle d'armes mixtes elle même ne tire plus. En quelques heures, la paroi en béton armé du bloc2 a ses féraillages à nus, de gros blocs de béton sont tombés dans le fossé diamant. La puissance du 88mm est telle qu'un trou a fini par se former dans le bloc-casemate! Le lieutenant Pastre annonce "que deux boeufs pourraient y passer de front"! L'équipage du bloc essaye de colmater la brèche avec des armoires métalliques et des matelas, cela ne suffira pas... les tubes d'évacuation des airs viciées sont finalement percés par les obus de 88mm. L'atmosphère commence à devenir irréspirable dans le bloc, et une fumée inquiétante commence à se répandre jusqu'à l'escalier qui mène à la galerie, au fond du P.O. Le lieutenant Pastre se résoud à évacuer son bloc2, "où rien ne va plus". Il continue d'appeler à l'aide, mais on ne peut rien pour lui. Il se souvient aussi qu'à La Ferté, en mai, tout l'équipage a péri asphyxié au fond de l'ouvrage... c'est assez inquiétant pour lui, pour lui et ses hommes...

 

Un obus frappe le Kerfent !

Le bloc3 du Kerfent assiste impuissant à la destruction du Bambesch, à quelques centaines de mètres de là. Les mitrailleuses tentent des tirs dans les bois, derrière le Bambesch, "au hasard".

Soudain, vers 18h30, un obus atteint le Kerfent de plein fouet ! il percute le jumelage de mitrailleuse du bloc3, ricoche à l'intérieur de la chambre de tir contre le béton, endomage le canon de 47 anti-chars qui se trouvait sur son rail, juste derrière, et traverse toute la pièce, provoquant un court-circuit qui met le feu aux munitions de 47mm stockées là ! Le sergent-chef Bara, chef du bloc, maitrise l'incendie et obstrue le créneau béant (le jumelage ayant été éjecté) en mettant le canon de 47mm en batterie. En un instant, un seul obus (88mm?) a pratiquement neutralisé le bloc3 du Kerfent ! L'origine de cet obus est difficile à définir: le canon de 88 qui visait le Bambesch n'était pas placé dans l'axe de tir du créneau du bloc3 du Kerfent...

 

La reddition du Bambesch:

Au Bambesch, en fin d'après-midi, les officiers se sont réunis pour un mini "conseil de guerre":

-Le bloc2 est détruit et évacué, on a pas pu détruire l'escalier qui mène aux galeries et l'ennemi "peut" s'y engager si cela lui en fait envie.

-Le bloc1 a sa tourelle de mitrailleuses hors service; par ailleurs son système de ventilation est touché lui aussi, et l'air commence à faire défaut dans l'ouvrage.

- Le bloc3 enfin (bloc nord) commence à être mitraillé par des allemands camouflés dans les bois, qui apportent de petits canons de 37mm en prélude à un nouvel assaut de ce côté.

La situation devient très inquiétante, surtout pour le dioxyde de carbone qui n'est plus rejeté dehors (machines HS) et qui rappelle à l'équipage le drame de La Ferté... A la veille d'un armistice, la résistance serait un risque inutile, autant essayer de sauver les hommes. Les officiers sont donc tous d'accord: il faut se rendre.

Côté allemand, on a pas lancé de grande offensive... les hommes du II Abteilung restent dans les bois et on laisse faire les canons. Mais une forte section de la 7.Kompanie du 339 I.R s'approche du bloc2. Le hauptmann (capitaine) Ackermann constate que le bloc est détruit et décide de ne pas s'y engager. La section du Génie du leutnant (sous-lieutenant) Lindner, envoyée en renfort avec quelques canons anti-chars de 37mm (Panzerjäger) avance vers le bloc3 (nord) et mitraille ses abords. La section n'a pas d'explosifs, mais les hommes jettent des grenades à manche contre les embrasures et dans le fossé diamant. L'unteroffizier (sergent) Rieckmann se place contre le béton et hurle à la garnison de se rendre, il exige la reddition.

"Tout à coup, vers 19 heures, le chef de l'ouvrage se déclare prêt à se rendre. Il ouvre la porte blindée et remet son arme au Leutnant Linder, qui se trouvait là" (journal de la 167 I.D).

L'ouvrage du Bambesch a capitulé. Son équipage sort en file indienne par la porte blindée et part pour la captivité. Aucune destruction, aucun sabotage n'a été effectué à l'intérieur.

"La garnison était moralement effondrée" ... le drapeau allemand est hissé sur le mat du Bambesch, bien en vue du Kerfent, duquel on assiste (sans tirer) à la sortie et au départ "des copains"... Les pertes allemandes s'élèvent à 9 blessés, dont deux sérieusement atteints (unteroffizier Ull, de la 14.Kie et gefreiter Schägerl, de la Panzerjäger Kie).

Cette belle victoire va, on s'en doute, enthousiasmer les attaquants et troubler les défenseurs...

 

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