A l'attaque ! le massacre du bloc3:

C'est vers 5 heures ce 21 juin 1940, qu'un feu identique à celui qui harcèle le bloc2 s'abat sur le bloc3 du Kerfent. Les petits obus de 37mm percutent les cloches et les embrasures, les mitrailleuses MG34 crépitent.

Vers 5h45 commencent les tirs des deux canons de 88mm installés au Bambesch. Les puissants obus pourfendent les cloches, creusent le béton, frappent les crénaux. Le ciment s'arrache par grappes, les féraillages du Kerfent sont mis à nus. Cela se passe très vite, le massacre du bloc sud du Bambesch se réitère au bloc3 du Kerfent !

La veille, un seul canon de 88 frappait le Bambesch; au Kerfent le travail est multiplié par deux!

A 6 heures, l'artillerie de campagne mise à la disposition de la 167 I.D ouvre le feu. Les obus de 105 et de 150mm explosent, percutent le bloc, creusent des entonnoirs, abattent les arbres. Les petits canons de 37mm sont tirés à bout de bras et trimballés sans-cesse en de nouveaux endroits pour éviter de se faire repérer, et pour se rapprocher de l'ouvrage.

A ce moment, ce sont 33 canons allemands qui massacrent les blocs du Kerfent ! et pour museler cette forte préparation d'artillerie: le P.O du Kerfent et son équipage n'ont rien ! Seule une artillerie de contre-batterie aurait pu gêner les tirs allemands, or les 163e RAP et 39e RARF se sont retirés ... le Kerfent, comme de nombreux autres ouvrages, avait bien été doté d'une "cloche lance grenade" mais le mortier de 60mm qui devait y être installé n'avait pas encore été livré...

 

Evacuez le bloc 3 !

Dans le bloc3 "tout devient critique" mais les hommes gardent leur calme. Il faut hurler pour se faire entendre. Les arrivées des obus de 88 contre le béton sont d'une telle violence que tout le bloc tremble. De plus: impossible de riposter! les armes sont détruites depuis la veille. Le béton est ravagé sur une profondeur d'un mètre. A chaque impact, les coeurs s'arrêtent, les hommes finissent par être obsédés par les coups. Ils ont complètement perdu la notion du temps.

Des fumées commencent à se répendre dans le bloc, "il faut mettre les masques à gaz" ordonne le sergent-chef Bara. Par téléphone, il joint le capitaine Broché au P.C de l'ouvrage, et l'informe de la situation. Là on envisage d'évacuer le bloc3...

Le capitaine, devant la gravité des dégats et la force des impacts, accepte de faire évacuer le bloc3. Les hommes se retirent par l'escalier après avoir fermé toutes les portes blindées, ils descendent à l'abri dans la galerie, à 28 mètres sous terre. Mais le bloc est maintenant vide et l'ennemi peut s'en approcher.

Profitant des tirs de leur artillerie, les hommes de la 3 Kompanie se lancent en avant et investissent un réseau de tranchées qui serpente dans le bois à l'arrière de l'ouvrage. Un élément de tranchée se dirige droit vers le bloc3 ! c'est une aubaine pour les assaillants, qui se glissent vers le bloc "d'où les français ne ripostent pas". C'est le leutnant Hacker et ses 10 hommes de la 2 Kompanie qui aboutissent devant le bloc3, ils attendent la fin du tir de leur artillerie pour s'approcher d'avantage.

Le tir cesse enfin, mais des grenades éclatent aux abords du bloc3 détruit ! c'est que malgré l'ordre d'évacuation, le sergent Weyrich, les soldats Walraff et Brunner (trois Lorrains) sont courageusement restés à leur poste: ils utilisent le petit mortier de 50mm de la cloche GFM "ouest" et arrosent copieusement les barbelés autour de leur bloc. Ils distinguent très nettement les Allemands qui s'approchent, en traînant leurs petits canons de 37mm qu'ils prennent immédiatement pour cible, l'un d'eux étant démoli. Les "panzerjäger" ouvrent le feu sur la cloche GFM où le sergent Weyrich est blessé. Alors seulement, les trois hommes consentent à se retirer dans la galerie. Arrivant en bas de l'escalier, ils avertissent que "les Allemands sont derrière eux"! on ferme la porte blindée et on met le fusil-mitrailleur en batterie dans le créneau de la porte.

Suivant les versions, derrière la porte blindée de la galerie: "on entend des pas dans l'escalier derrière nous, notre fusil mitrailleur tire, les bruits cessent".

Il semble aussi que les tirs des blocs 1 et 4 (à partir de la tourelle et des cloches GFM) ont contribué à stopper l'avance du leutnant Hacker. Les assaillants restent dans la tranchée.

(des troubles subsistent encore quant à l'entrée d'Allemands dans le bloc3, suivant les témoignages ils sont entrés ou pas. Des marques apparaissent toujours au bas de l'escalier (impacts de balles du FM?). Quoiqu'il en soit, une telle action d'éclat ne figure pas dans les archives de la 167 I.D...)

 

Tous droits réservés http://www.kerfent.com