Questions d'argent, de crédits et de stratégie...

 

Le coût total des crédits accordés à la réalisation de la "ligne Maginot" (somme fixée au début des années 1930 par décision du Parlement) avait été fixé à 2 milliards 900 millions de Francs ( 2 900 000 000 F ) , répartis sur 5 ans.

Notons bien au passage que cette somme était modique pour l'époque et ne représentait que 5,5% de la totalité des dépenses militaires annuelles (la ligne Maginot n'a pas ruiné la France...)

Les commissions chargées d'étudier le renforcement des fortifications de la frontière perçurent par la suite 400 millions de Francs supplémentaires (400 000 000F) , qu'elles utilisèrent principalement dans la construction de petits blocs et de casemates simples d'infanterie.

Le résultat est un vaste ensemble fortifié, dont les moyens de défense ont été très inégalement répartis. Sur la frontière s'alignent en effet quelques fronts puissants (gros ouvrages, dotés d'une artillerie nombreuse), d'autres secteurs étant soudainement jugés secondaires et où l'effort de fortification ne repose que sur des casemates et sur quelques petits ouvrages d'infanterie, l'artillerie étant à fournir par les troupes d'intervalle (c'est là le contexte du SF de Faulquemont, "privé d'artillerie pour ses ouvrages" pour de mystérieuses raisons financières...)

Pour 4 millions de Francs supplémentaires (c'est à dire le prix de deux casemates moyennes, ou l'équivalent d'un quart du prix du Kerfent, soit 0,13% du budget initial du programme Maginot), le SF de Faulquemont aurait pu être doté d'une tourelle équipée de deux canons de 75mm. Ces pièces auraient très certainement tenu à distance les FLAK 88 allemands, elles auraient ainsi retardé (voire empêché...) la capture des casemates des Bambi et la chute des ouvrages du BAMBESCH et du KERFENT.

Sauver les deux ouvrages du SFF n'aurait évidemment pas changé le cours de la guerre, mais dans l'idée même de la stratégie défensive décidée par l'Etat Major, on peut s'étonner que les ouvrages protégeant ce secteur géographique d'apparence primordiale (la route nationale 3 reliait Metz à Sarrebrücken!) ne possédaient pas la moindre artillerie dans ses ouvrages. Pourtant, la présence même limitée de mortiers de 81mm permettra quelques succès locaux (le PO de Laudrefang sauvera ainsi ses voisins, Téting et Einseling), mais la faible portée de ces armes ne permettra pas de couvrir les ouvrages plus éloignés...

Si on reste rêveurs devant les possibilités qu'auraient pu offrir l'installation de quelques tourelles d'artillerie dans les fronts faibles de la ligne Maginot, on remarque que le résultat final aurait finalement peu influencé le cours de la campagne de France: peu après l'armistice, les ouvrages et leurs équipages invaincus auraient été honteusement livrés à l'Allemagne, comme ce fut effectivement le cas des ouvrages qui ont tenu sans défaillance jusqu'au début de juillet 1940.

 

http://www.kerfent.com